Trois mois d’aquagym ne soignent pas la polyarthrite rhumatoïde

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Un essai randomisé contrôlé allemand de Bilberg et ses collaborateurs, publié dans la revue Rheumatology en 2005, évalue l’efficacité d’un programme d’aquagym de trois mois par rapport à un groupe contrôle sur la qualité de vie, la capacité aérobie et l’endurance musculaire de patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde. Les résultats ne montrent pas de différence entre les groupes en ce qui concerne la qualité de vie et la capacité aérobie. En revanche, l’endurance musculaire est améliorée dans le groupe ayant participé aux séances d’aquagym.

Le rationnel de l’étude

L’arthrite rhumatoïde est une maladie chronique caractérisée par une inflammation non spécifique et symétrique des articulations des membres inférieurs ou supérieurs. Les structures articulaires et péri-articulaires s’autodétruisent progressivement. Les principaux symptômes sont les douleurs articulaires, la fatigue, la raideur et la réduction de l’amplitude des mouvements. Les patients souffrent progressivement de faiblesse musculaire. La combinaison de ces symptômes associés à la détérioration de la condition physique a un impact très négatif sur les activités de la vie quotidienne et sur la qualité de vie.

L’aquagym est une intervention fréquente pour les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde. Les propriétés physiques de l’eau telles que la flottabilité et la température facilitent les mouvements corporels et réduisent les sensations subjectives de rigidité et de charges sur les articulations.

La question posée

Trois mois d’aquagym améliorent-ils la capacité aérobie, les capacités fonctionnelles et la santé physique perçue de patients atteints de polyarthrite rhumatoïde?

La méthode

L’essai randomisé contrôlé de Bilberg et ses collaborateurs compare l’efficacité d’un programme d’aquagym sur l’endurance, les capacités fonctionnelles et la santé physique perçue à un groupe contrôle sans intervention. L’étude porte sur 47 patients atteints de polyarthrite rhumatoïde et âgés de 20 à 65 ans. L’étude inclue des patients dont la maladie a été diagnostiquée entre un et cinq ans avant la participation à l’étude. Le traitement médicamenteux devait être stabilisé au cours des trois mois avant l’intervention.

Les patients étaient placés aléatoirement soit dans le groupe bénéficiant du programme d’aquagym, soit dans le groupe contrôle suivant les soins courants. Les évaluations étaient réalisées par des kinésithérapeutes qui ne connaissaient pas le groupe d’appartenance des patients. Les chercheurs ont mesuré la qualité de vie (questionnaire SF-36), la capacité aérobie (test sous-maximal d’endurance sur ergocycle), l’endurance musculaire (test de la chaise et test d’endurance isométrique de l’épaule) et la souplesse. Les patients étaient évalués en début et en fin d’intervention, puis à 6 mois de suivi.

L’intervention non médicamenteuse (INM) testée

L’intervention non médicamenteuse était un programme d’activités physiques adaptées (APA) basé sur des exercices d’aquagym et comportant deux séances par semaine pendant trois mois. Chaque groupe était composé de 8 à 9 patients. Chaque séance durait 45 minutes. Les séances comportaient des exercices d’endurance, de force musculaire dynamique (excentrique et concentrique) et statique, d’endurance musculaire, de souplesse, de coordination et détente musculaire. Les séances étaient réalisées en musique. Deux kinésithérapeutes supervisaient les séances et donnaient des instructions individuelles lorsque les patients en avaient besoin.

Les résultats principaux

Les résultats ne montrent pas de différence entre les groupes aux niveaux de la qualité de vie et de la capacité aérobie à la fin du programme de trois mois. En revanche, l’endurance musculaire et la souplesse s’améliorent pour le groupe aquagym. A six mois, la capacité aérobie et la qualité de vie  restent inchangées dans les deux groupes. En revanche, l’endurance musculaire est améliorée dans le groupe ayant participé aux séances d’aquagym.

Le message pour les patients

Un programme adapté d’aquagym de trois mois améliore l’endurance musculaire des patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde. En revanche, la capacité aérobie n’est pas améliorée. La qualité de vie non plus.

Le message pour les professionnels

Un programme adapté d’aquagym de trois mois renforce l’endurance musculaire. La capacité aérobie n’est pas améliorée à la fin du programme, ni six mois après. Le nombre de séances est probablement insuffisant pour observer des améliorations significatives. Aucune mesure ne concerne directement la symptomatologie.

Le message pour les chercheurs

Les statistiques ne sont pas adaptées dans la mesure où les auteurs s’intéressent plus aux variations temporelles des groupes qu’à la différence entre les groupes à chaque temps.

Le message pour les décideurs

Un programme adapté d’aquagym de trois mois à raison de deux séances par semaine améliore l’endurance musculaire des patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde. Ces bénéfices persistent six mois après le programme. De futures études devront confirmer ces résultats.

La référence

Bilberg A, Ahlmen M, Mannerkorpi K (2005). Moderately intensive exercise in a temperate pool for patients with rheumatoid arthritis: a randomized controlled study. Rheumatology, 44, 502-508.

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Pour citer cet article du Blog en Santé ©

Ninot G (2016). Trois mois d’aquagym ne soignent pas la polyarthrite rhumatoïde. Blog en Santé, A75.

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